Un jour, l’humanité commença à se croire supérieur à la nature et ce fut, le début de la fin. Dès lors, l’Homme commença à se sédentariser, il créa l’agriculture et l’élevage. Et une nouvelle histoire commença. Au cours des millénaires suivants, ces pratiques ce sont alors diffusées dans le monde, jusqu’à notre ère, devenant ainsi la première source d’alimentation. Cependant, au 19e siècle, on estime que 20 % de l’humanité avait encore un mode de vie chasseur-cueilleur.
La révolution néolithique caractérisée par les changements présentés ci-dessus, permis l’accroissement de la démographie et la création de sociétés de plus en plus grande. Cette maîtrise de la production alimentaire permis de grandes avancées mais créa surtout de nombreux maux.
La monoculture
L’agriculture est un processus par lequel les êtres humains aménagent leurs écosystèmes et contrôlent le cycle biologique d’espèces domestiquées, dans le but de produire des aliments et d’autres ressources utiles à leurs sociétés.
Tous les maux de l’agriculture moderne commencent par la monoculture. Cette pratique agricole ou forestière consistant à planter une seule espèce de plantes ou un nombre très limité d’espèces sur une très grande surface, permet de produire d’énormes quantités de denrées alimentaires à des prix abordables. Cependant, cette pratique entraîne l’épuisement des éléments nutritifs du sol, comme expliqué brièvement dans un précédent article.
Aujourd’hui, on constate de plus en plus, le besoin de biodiversité à chaque niveau de la vie. Des sols, jusqu’à nos sociétés, notre monde a besoin de la richesse qu’apporte chaque individu, avec leurs caractéristiques propres. L’agriculture ne déroge pas à cette règle. C’est pourquoi la monoculture a entraîné la perte de fertilité des sols. C’est-à-dire une baisse de la quantité de vers et de micro-organismes (bactéries, champignons, …), qui permettent la pousse des plantes. La biodiversité des plantes sur un territoire donné a un impact sur la qualité des sols et avec le temps engendre des conséquences sur les récoltes. De ce fait, la réduction de la qualité des sols entraîne une baisse de rendement, que les agriculteurs règlent avec de l’engrais.
Les engrais sont des substances organiques ou minérales, souvent utilisées en mélanges, destinées à apporter aux plantes des compléments d’éléments nutritifs, de façon à améliorer leur croissance, et à augmenter le rendement et la qualité des cultures.
Les engrais les plus utilisés par les agriculteurs (agriculture bio exclue) sont les engrais minéraux, notamment à cause de leurs prix abordables et parce qu’ils augmentent considérablement le rendement par hectare. Leur teneur en azote, nitrate et potasse étant très élevée, ils peuvent donc nourrir les plantes jusqu’à leur capacité d’absorption maximum (voire parfois les tuer en cas de concentration trop élevée).
Cependant, les plantes n’absorbent pas tous l’engrais. Une quantité importante est rejetée dans les sols, ce qui va être néfaste pour tout l’écosystème et créer une dépendance aux engrais. À terme, les minéraux contenu dans l’engrais engendre la salinisation des sols provoquant ainsi la stérilisation des sols et leur désertification. Sans oublier la pollution des nappes phréatiques.
De plus, rien que le fait même d’avoir une seule espèce de plantes sur une surface importante est un problème. Cela provoque la disparition d’insectes, d’oiseaux et d’animaux sauvages. Et augmente inexorablement les risques de maladie ou d’apparition de “parasites” pouvant ravager toute une récolte. Et c’est ce qui justifie l’utilisation de pesticides. Au cours des siècles, il y a eu de nombreuses tentatives pour apporter des solutions au problème inhérent à la monoculture, malheureusement, c’est l’emploi de pesticides qui a été retenu.
Les pesticides
Définition
Un pesticide est une substance chimique, naturelle ou de synthèse, destinées à repousser ou détruire les nuisibles. C’est un terme générique qui rassemble les produits suivant :
Insecticide : Permet de lutter contre les ravageurs (les insectes, les tiques et les mites).
Herbicide : Lutte contre les mauvaises herbes ou les plantes indésirables.
Fongicide : Élimine les moisissures, le mildiou et autres champignons.
Parasiticide : Tue les parasites.
Rodenticide : Éloigne ou élimine les rongeurs tels que les souris et les rats.
Désinfectant : Détruit les bactéries, les moisissures et le mildiou.
Ces pesticides existent sous différentes formes. On peut les retrouver sous forme liquide, solide ou gazeuse avec des champs d’action plus ou moins grande. On peut en trouver aussi sous d’autres formes, comme la forme d’appâts pour le cas des rodenticides.
Histoire
L’emploi de pesticides pour “protéger” les champs de cultures n’est pas nouveau. Déjà au Moyen-Âge, les paysans cherchaient à répondre à ces problématiques par l’emploi de soufre, d’arsenic, mais aussi de cuivre ou de sels de mercure. En raison de la toxicité de ces produits, ils ont progressivement été interdits.
L’emploi de pesticide restait marginal, car les paysans n’avaient pas les moyens de s’en fournir. De plus, leur parcelle n’était pas suffisamment grande pour être un problème. Il suffisait d’enlever la plante infectée pour régler le souci. De plus, il respectait relativement, les cycles de vie des sols. En faisant par exemple une rotation des parcelles cultivables tous les 2-3ans, afin de toujours laisser une parcelle en jachère afin que les sols puissent retrouver leur fertilité.
Ce n’est qu’au 20ème siècle, pour faire face à la demande croissante et l’appât du gain de certains industriels, que l’utilisation des pesticides passe un nouveau cap. Les sols n’ont alors plus le temps de reconstituer les éléments essentiels. Il faut produire plus et plus rapidement. C’est donc dans les années 1930, avec le développement de la chimie organique de synthèse et de la recherche sur les armes chimiques durant la Première Guerre mondiale, que se développent les pesticides de synthèses (développés en laboratoire et produits en usine).
L’agent orange, est le nom donné par les médias à l’herbicide largement utilisé par l’armé Américaine lors de la Guerre du Viêtnam, afin d’empêcher les Vietnamiens de se cacher dans les forêts. Produit par Monsanto et Dow Chemical, le produit est en fait rose et brunâtre, et doit son nom aux bandes de couleur orange peintes sur les fûts dans lesquels il était stocké.
Conséquences de l’utilisation de pesticides de synthèse
Fertilité des sols
Un sol fertile est un sol vivant, riche en vers de terres, champignons et bactéries, qui contribuent au recyclage de la matière organique et maintiennent une bonne porosité. Il doit avoir une structure et une profondeur qui permettent aux plantes de développer leurs racines pour s’ancrer, retenir l’humidité et évacuer l’eau en excès.
En plus de l’engrais qui va contribuer à l’appauvrissement des sols, les pesticides eux, vont donner le coup de grâce. Bien que ce soit de la science-fiction, on nous apprend dans le film “Seul sur Mars” que les pommes de terre ont besoin de bactéries et micro-organisme pour pousser. Le sol martien étant relativement inerte, le personnage va alors utiliser ses excréments afin de fertiliser la terre. Alors que pour une éventuelle viré sur Mars, on nous apprend à fertiliser les sols, sur Terre, détruire l’équilibre du vivant des sols est une pratique courante.
Pour être concret, seul 10 % des pesticides va atteindre le nuisible visé, le reste va alors se retrouver dans les sols où il va faire pas mal de dégâts. Non seulement, il va contribuer à la baisse drastique des microorganismes et des vers de terres, mais cela va entraver la fixation de l’azote, qui est nécessaire à la pousse des végétaux (tout bénef pour les vendeurs d’engrais). L’emploi répété de pesticides va alors rendre les sols inertes. Dès lors, il est nécessaire d’avoir des plantes plus résistant à ce genre d’environnement et c’est là qu’intervient l’OGM.
On ne fait plus d’agriculture, on fait de la gestion de pathologie végétale, ce qui n’est pas la même chose.
Claude Bourguignon
Organismes Génétiquement Modifiés (OGM)
Un organisme génétiquement modifié est un organisme vivant dont le patrimoine génétique a été modifié par l’intervention humaine.
La création d’OGM sert surtout à rendre une plante résistante à un climat, des nuisibles ou des pesticides. On peut aussi la modifier pour qu’elle produise elle-même un insecticide. Cela permet alors d’utiliser des herbicides sans crainte de tuer ces plantes génétiquement modifiées, et d’éviter le recours à un insecticide pendant la croissance des plantes puisqu’elles le sécrètent elles-mêmes. Dans l’absolu, l’OGM n’est pas nocif pour l’Homme, tant que les modifications restent simple, et tendent à améliorer la qualité nutritive des aliments, comme aurait pu faire la nature.
Cependant, les industriels ne s’arrêtent pas là. Les semences sont modifiées pour les rendre stériles afin d’en vendre indéfiniment à des agriculteurs. Par le biais de pollinisateur comme les abeilles et papillons, les cultures proches peuvent recevoir le gène à l’origine de la stérilité des plantes et ainsi stériliser tout un champ sans OGM. Hormis ce cas, sachant qu’une plante fait partie d’un écosystème, pour l’instant, on ne connaît pas les conséquences de l’apparition d’une espèce génétiquement modifiée sur l’environnement.
Santé
Conséquences directes
Les agriculteurs sont les premiers concernés, car ils sont en contact direct avec les produits. Inhalation lors de la préparation ou contact avec la peau lors de l’épandage. Ces derniers sont les premières victimes de ces produits considérés comme des CMR (Cancérigène, Mutagène et Reprotoxique).
Prenons le cas de Dewayne Johnson, un ex-jardinier américain de 46 ans qui est atteint d’un cancer du système lymphatique en phase terminale. Ce dernier aurait découvert une corrélation entre l’utilisation quotidienne du RoundUp, l’herbicide phare du géant Américain de l’agrochimie Monsanto, et son cancer.
Suite à cette découverte, il a porté plainte contre l’entreprise. Après un long procès, le jury d’un tribunal de San Francisco a condamné le 10 août 2018, Monsanto à payer près de 290 millions de dollars de dommages pour ne pas avoir informé de la dangerosité de son herbicide.
Conséquences indirectes
Par notre alimentation, nous sommes en contact avec des aliments qui ont été traités par des pesticides. Prenons l’exemple de la pomme, le fruit préféré des Français. Il est également le plus produit en France, et parmi les plus traités avec des pesticides, avec 35 traitements en moyenne lors de la culture.
De plus, certains fruits ou légumes peuvent recevoir plusieurs pesticides différents et ce cocktail de pesticides est mis en cause par l’INRA (Institut National de la Recherche Agronomique). Durant un an, l’INRA a nourri des rongeurs avec des aliments contenant des quantités de pesticides proportionnelles à la dose journalière admissible pour l’homme (une dose en principe inoffensive). Les rongeurs mâles ont pris anormalement du poids et développés des symptômes de l’obésité dont le diabète ou la stéatose (accumulation de graisses dans le foie).
Conclusion
Les conséquences de l’emploi de pesticides de synthèse sont nombreuses. Mais… Tout dépend de la dose et de la durée d’exposition. C’est pourquoi la plupart du temps, on parle de risque plutôt que de danger. Le RoundUp par exemple, a été déclaré “cancérogène probable” par le Centre International de Recherche sur le Cancer (CIRC). Le café aussi est considéré comme un CMR, du moins acide caféique présent en infime quantité dans le café. Alors faut-il interdire le café ? Pas forcément, d’où l’importance de la dose.
Aujourd’hui, tout ce que nous consommons contient des pesticides et c’est seulement sur le long terme que l’on peut probablement déterminer des conséquences tangibles. Cependant, ce n’est pas une raison pour continuer à consommer des pesticides chimiques et potentiellement dangereux pour l’Homme. Des alternatives biologiques et d’autres manières de produire notre alimentation existent. Qu’est-ce que nous attendons pour changer notre manière de produire notre alimentation ?
Très instructif !
Le cheminement est clair et bien expliqué.
Vive les alternatives ! On en a pas l’impression mais au final on s’empoisonne un peu plus chaque jours.
C’est peu de le dire. Notre société moderne a réglé bien des maux mais en a créé pas mal aussi. Aujourd’hui on paie les conséquences, mais un autre monde est possible 😍
Je prépare un super article sur les alternatives 🤩